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💭 Maison Ullens for ANTIDOTE

Maison Ullens n’entend pas révolutionner la mode mais excelle dans l’art de composer un vestiaire élégant d’une qualité irréprochable destiné à une femme nomade. Sa charismatique fondatrice Myriam Ullens revient sur le succès du label, dévoile comment sa victoire contre la maladie a bouleversé sa vie et pourquoi l’attention portée au détail est le secret de toute réussite.

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Comment Maison Ullens s’est fait un nom dans le monde fermé du luxe


Photographe: Antoine Harinthe. Stylisme : Charlotte Toffin. Modèle : Laura Hagested @ Oui Management

Photographe: Antoine Harinthe. Stylisme : Charlotte Toffin. Modèle : Laura Hagested @ Oui Management

Maison Ullens n’entend pas révolutionner la mode mais excelle dans l’art de composer un vestiaire élégant d’une qualité irréprochable destiné à une femme nomade. Sa charismatique fondatrice Myriam Ullens revient sur le succès du label, dévoile comment sa victoire contre la maladie a bouleversé sa vie et pourquoi l’attention portée au détail est le secret de toute réussite.

Myriam Ullens est une femme à l’allure enviable. Et voyager avec style est un exercice qu’elle maîtrise à la perfection. Depuis 2009, cette entrepreneuse belge accompagne les femmes du monde entier dans la composition d’une garde-robe chic et intemporelle conçue pour s’adapter à un mode de vie actif et mobile. Au cours des sept dernières années, sa prestigieuse maison de mode, Maison Ullens, s’est imposée tel le label signature de femmes de pouvoir à l’instar de Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international, du top model Irina Shayk et d’une série de rédactrices mode qui comptent sur la marque pour les aider à traverser le fashion month.

Jusqu’à maintenant, Maison Ullens a demeuré une griffe discrète. Entre autres parce que les femmes adeptes de ses pièces en maille et cuir de première qualité préfèrent garder ce secret mode pour elles et leurs amies les plus proches. Puis, le changement de nom de la société de MUS à Maison Ullens en 2013 a aussi contribué à la confidentialité du label. Mais tout cela s’apprête à changer.

Quand le mythique Ritz a rouvert ses portes en juillet dernier, une boutique Maison Ullens a fièrement trouvé place le long de la célèbre galerie de l’hôtel. Seules six maisons de luxe se sont vues accorder le privilège d’inaugurer un flagship store au sein des murs du Palace, un indice significatif du calibre des produits Maison Ullens.

Lors d’un entretien en tête-à-tête, Mme Ullens s’est livrée sur la fierté qu’elle tire de la création d’une maison de luxe moderne reconnue pour son engagement qualité, le potentiel qu’elle voit en le marché américain et a levé le voile sur son secret pour un mariage heureux.

- Gauche : Chemise en crêpe de soi blanche ; Robe longue en crêpe de soie blanche, Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez. Sandales à strass, Guiseppe Zannotti.  - Droite : Boucle d’…

- Gauche : Chemise en crêpe de soi blanche ; Robe longue en crêpe de soie blanche, Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma.
Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez. Sandales à strass, Guiseppe Zannotti.
- Droite : Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille « Bold », Saskia Biez.

Antidote : Vous jouissez donéravant d’une boutique au Ritz et le monde de la mode s’enthousiasme pour votre marque, ressentez-vous un nouveau dynamisme au sein de la maison ?
Myriam Ullens : Je pense que nous avons toujours eu cette énergie et ce désir de faire découvrir Maison Ullens. Aujourd’hui, nous sommes justes plus structurés. Nous avons une idée plus claire de la direction que nous souhaitons prendre. Nous savons aussi mieux qui sont les adeptes de la maison. Mon attention s’est toujours portée sur la marque, mais nous savons désormais aujourd’hui où nous voulons l’amener. L’hôtel dispose d’une clientèle internationale, et je voulais que les gens apprennent à connaître la maison de façon progressive et organique. Au Ritz, une femme chinoise, une femme coréenne ou une femme américaine vont déambuler à travers la galerie et seront naturellement attirées à l’intérieur de la boutique, et c’est là qu’elles découvriront la beauté de Maison Ullens. C’est une boutique vraiment attrayante, elles n’achèteront peut-être rien sur le coup mais le nom de Maison Ullens leur restera à l’esprit.

Vous construisez donc une clientèle internationale. Existe-t-il un pays sur lequel vous vous concentrez en particulier ?
D’après moi, la direction que nous prenons est tournée vers les Etats-Unis. Notre magasin à Aspen se porte très bien. En fait, c’est drôle car Christine Lagarde tenait une conférence hier à Aspen et elle portait Maison Ullens. Certaines de mes clientes m’ont envoyé des messages pour me dire : « elle a la même veste que moi », c’est génial, et nous en sommes très fiers. Les salons que nous organisons aux Etats-Unis sont toujours des succès retentissants. Je pense que nous sommes vraiment prêts à prendre une place majeure sur le marché américain.

Qui est donc la femme Maison Ullens ?
Honnêtement, c’est toutes les femmes. Maison Ullens s’adresse aux femmes qui veulent vivre libres. Qui veulent être élégantes en toute circonstance, bien habillées sans pour autant renoncer au confort d’être à l’aise dans leurs vêtements.

- Gauche : Top en cuir perforé doré, Maison Ullens. - Droite : Chemise en cuir perforé et pantalon en cuir nappa nacre, Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez.

- Gauche : Top en cuir perforé doré, Maison Ullens.
- Droite : Chemise en cuir perforé et pantalon en cuir nappa nacre, Maison Ullens.
Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez.

L’an passé, vous avez nommé Kim Laursen au poste de directeur artistique de la marque en remplacement de la créatrice Véronique Leroy, parlez-nous de cette transition.
Je pense qu’il est désormais possible de mixer différentes pièces plus facilement. C’est très important. Par le passé, une cliente qui venait chez nous pouvait repartir avec seulement un pantalon. Aujourd’hui, nous lui proposons une veste ou un pull qui se marie sans effort avec ce pantalon. Et elle quitte la boutique avec trois pièces dans son sac au lieu d’une seule.

Tout le monde s’accorde à dire que votre marque s’est forgée une réputation sur l’intemporalité de ces créations.
Il y a en effet quelque chose d’intemporel avec nos vêtements. Ce que j’affectionne particulièrement, c’est que peu importe votre âge, que vous ayez seize ou soixante ans, vous pouvez vous habiller chez Maison Ullens. Certaines de mes clientes me racontent que leurs filles passent leur temps à leur piquer les pièces Maison Ullens. Et c’est là que vous pouvez constater le succès de Maison Ullens et réaliser tout son potentiel. Si la jeune génération veut porter nos créations, cela indique que nous sommes en train de créer une communauté forte.

Mais toute cette société n’a-t-elle pas commencé par un défi ? L’histoire veut que votre mari vous a un jour fait un commentaire désobligeant sur les vêtements que vous portiez à bord d’un avion et que cela vous a donné l’idée de lancer votre propre label…
À quelques détails près. J’avais déjà bien réfléchi au lancement d’une marque destinée aux femmes qui voyagent beaucoup. Sa remarque m’a juste convaincue de le faire. Mais créer une collection concentrée uniquement sur le voyage est très compliqué dans la mesure où elle va naturellement s’étendre. Je pense que la seule chose que nous ne fassions pas aujourd’hui, ce sont les pyjamas et les robes du soir.

Combishort en cuir nappa navy et chemise en popeline blanche, Maison Ullens.

Combishort en cuir nappa navy et chemise en popeline blanche, Maison Ullens.

Qu’est-ce qui différencie vraiment, d’après vous, votre marque des autres ?
À vrai dire, une veste Maison Ullens n’est pas nécessairement ultra avant-gardiste. Elle est stylée, mais c’est une veste qu’une femme peut porter aujourd’hui et qu’elle pourra toujours porter dans trois ou dix ans. Elle ne sera pas démodée. La qualité des vêtements doit aussi être optimale. Sinon, se lancer dans un tel projet n’aurait aucun sens. Si je vous prépare un plat de spaghetti bolognaise ou une tarte au citron, je veux que ce soit les meilleures pâtes ou la meilleure tarte que vous n’ayez jamais goûtés. J’aime quand les choses sont bien faites. Autrement, ça ne m’intéresse pas.

Je crois savoir qu’un pourcentage des ventes de Maison Ullens est redistribué à une association que vous avez créée pour aider les gens à combattre le cancer ?
C’est un point essentiel pour moi. Je pense que partager et reverser est très important. Je crois aussi que cela donne une raison supplémentaire aux équipes de travailler pour nous. À Bruxelles, les bureaux de la fondation sont situés à côté du studio Maison Ullens afin qu’ils puissent échanger. Il faut que les gens prennent conscience du fait que le cancer est une maladie qui peut concerner tout le monde, à tout moment.

C’est une initiative très personnelle, puisque vous vous êtes vous-même battu contre le cancer. En quoi cela vous a-t-il changé ?
Ma vision du monde a été totalement bouleversée. Avant de tomber malade, je disais oui à tout le monde. J’ai appris à me mettre des barrières. Aujourd’hui, je suis capable de dire non. Je protège mon « jardin secret », ce qui m’est le plus précieux, c’est à dire ma famille, mon mari, mes enfants et petits-enfants.

En faisant mes recherches, j’ai aussi lu que votre rencontre avec votre mari il y a plus de vingt ans fut un vrai coup de foudre. Cet amour est-il toujours aussi fort ?
Plus fort que jamais. Nous pourrions faire face à n’importe quel aléa de la vie ensemble. Pour tout vous dire, nous avons déjà traversé plusieurs orages. Le secret, c’est de toujours porter de l’attention à l’autre. Ce sont les petites attentions qui comptent : lui préparer un plat qu’il aime, lui offrir un livre qui va l’intéresser, l’inviter au cinéma, aller dîner en tête-à-tête. L’amour est comme une plante, vous devez l’arroser un peu chaque jour pour qu’il puisse grandir et fleurir. Le dialogue doit être ouvert. N’attendez pas que la situation dégénère pour vous parler.

Avant même le lancement de Maison Ullens, vous étiez déjà une femme d’affaires émérite dans d’autres domaines, à l’instar de l’industrie alimentaire.
Je pense qu’il est essentiel d’avoir un brin de folie pour entreprendre. Débuter quelque chose à partir de rien peut être extrêmement stimulant mais cela demande aussi de nombreux sacrifices. La création d’une entreprise requiert beaucoup de force et de caractère, et il ne faut pas avoir peur d’affronter des moments difficiles.

- Gauche : Tshirt en maille blanche et pantalon «Plain Knit», Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez. - Droite : Pull «striped knit» et pantalon «wool stretch», Maison Ullens.

- Gauche : Tshirt en maille blanche et pantalon «Plain Knit», Maison Ullens.
Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez.
- Droite : Pull «striped knit» et pantalon «wool stretch», Maison Ullens.

Où voyez-vous Maison Ullens dans cinq ans ?
J’espère être bien implantée aux Etats-Unis ainsi qu’au Japon. Mon objectif est de créer une communauté de femmes avides et fières de porter Maison Ullens. Qu’elles se sentent bien dans leurs vêtements. J’aimerais tellement que les gens arrêtent d’acheter une pièce simplement pour le nom du créateur inscrit sur l’étiquette. J’achète un vêtement parce qu’il est beau, bien fait, parce qu’il me va bien, parce qu’une attention est portée aux détails, parce que j’ai le coup de foudre. Je ne vais jamais acheter une pièce pour sa marque. Ce n’est pas le vêtement qui caractérise une femme, et c’est quelque chose que les femmes américaines comprennent tout particulièrement.

Que doit-on savoir d’autre à propos de vous ?
Je publie un roman en février sur Amazon, aux Etats-Unis. C’est l’histoire d’une grand-mère qui raconte l’histoire de sa vie à ses petits-enfants. Elle commence en 1943, date de sa naissance à Londres, jusqu’au jour où elle parle à ses petits-enfants. Quand j’étais petite, mon grand-père me racontait toujours des histoires. Mais il me contait le début du récit puis me demandait d’imaginer la suite, ce qui m’a aidée à développer mon imagination. Et depuis ce temps, j’ai toujours aimé inventer des histoires.

Quel est le meilleur conseil que vous n’ayez jamais reçu ?
Gaston Lenôtre, le célèbre chef pâtissier français – de qui j’étais très proche – m’a dit un jour : « Myriam, ne transige jamais sur la qualité et ce, quoi que tu fasses. Le jour où tu céderas, ce sera un échec ». Cette phrase m’est toujours restée à l’esprit. Maintenant, peu importe ce que j’entreprends, je le fais toujours avec les meilleurs ingrédients.

- Gauche : Manteau en cuir réversible nacre, Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. - Droite : Cardigan «Plume Knit», Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia D…

- Gauche : Manteau en cuir réversible nacre, Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma.
- Droite : Cardigan «Plume Knit», Maison Ullens. Boucle d’oreille pendante 2 lignes burmalite, Burma. Boucles d’oreille «Bold», Saskia Diez.

Photographe: Antoine Harinthe
Stylisme : Charlotte Toffin
Modèle : Laura Hagested @ Oui Management
Coiffure : Pawel Solis @ Atomo
Maquillage : Tiziana Raimondo @ Atomo


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💭 Michèle Lamy for ANTIDOTE

Si Michèle Lamy cultive un mystère autour d’elle-même et du rôle qu’elle occupe chez Rick Owens, il y a bien une chose qu’elle ne peut cacher : son intrépide volonté à oser. Son dernier projet, une péniche dédiée à l’accueil d’artistes venus d’horizons différents, est le plus récent moyen qu’elle ait trouvé pour tendre vers un monde meilleur.

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Qui est Michèle Lamy, la femme derrière Rick Owens?


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Renzo Rosso, le fondateur italien de Diesel, est depuis 2002 à la tête du groupe OTB, maison mère des griffes Marni, Maison Margiela ou encore Viktor&Rolf. L’homme d’affaires s’exprime ici sur ce qu’il considère être la prochaine limite du luxe, la plus-value de la jeunesse et la raison pour laquelle commettre des erreurs est essentiel.

Michèle Lamy a vécu en l’espace de 72 ans plus que la majorité d’entre nous pourrait l’imaginer. Elle est l’incarnation humaine d’un chat noir aux neuf vies qui plane sur le monde et laisse un sillage de mystère et de fascination. Au lieu d’un pelage noir et brillant, Michèle Lamy a de longues mèches ébène, des doigts recouverts d’encre, un trait noir entre les sourcils et des empreintes de khôl charbonneux pour souligner son regard perçant. Son corps svelte et tonique est enveloppé dans les créations sombres de son mari Rick Owens. Et quant à sa voix, elle résonne comme un ronronnement. À chaque énoncé qu’elle émet, une gamme de sons profonds et vibrants converge pour former des mots. Chacune de ses vies a été une aventure en soi. Si Lamy en venait un jour à prendre la plume et écrire un livre pour raconter l’histoire de sa vie, il se rangerait sûrement dans la collection : « Choisis ta propre aventure ». Ce serait une autobiographie où chacun des choix pris au fil des pages conduirait à un dénouement excitant et totalement inattendu. Féministe intrépide, cette femme mène une existence riche et totale, fondée sur des collaborations artistiques.

« Je n’ai pas de temps pour les regrets, je n’y pense pas, lance-t-elle alors qu’elle se prélasse au soleil dans la véranda située à l’arrière du siège de Rick Owens, avant que celui-ci ne présente son défilé printemps-été 2017. Je suis persuadée que si je pensais à ce genre de choses, ça pourrait aboutir à quelque chose, mais j’ai du mal à regarder en arrière. Je pense constamment au futur. » Mais pour tenter de comprendre la fascinante femme qu’est devenue Michèle Lamy, il faut se plonger dans son passé.

1,841 Likes, 28 Comments - @lalamichmich on Instagram: "FROGS"

Née en France dans le département du Jura, elle grandit dans une famille dont l’intérêt pour la religion se fait mitigé, bien qu’elle poursuive sa scolarité dans un établissement catholique entre 9 et 16 ans. « Je jouais toujours des tours aux nonnes », confesse Lamy. Au sein du nid familial, la liberté de pensée et d’expression est encouragée. « Mon grand-père pensait que les règles de circulation ne s’appliquaient pas à lui et il s’en défaisait toujours », raconte-t-elle avec un sourire, faisant scintiller au soleil sa dent incrustée d’or et de diamant.

Ses parents se rencontrent dans les bois pendant la Seconde Guerre mondiale. Sa mère se chargeait alors d’apporter des provisions aux réfugiés en forêt, et son père, un alpiniste, aidait certains d’entre eux à traverser les Alpes pour rejoindre la plus sûre Suisse. Lamy raconte une enfance entourée d’artistes et de « gens qui croyaient en l’humanité » mais se souvient que la guerre avait rendu bon nombre de ses amis orphelins. « Cela vous fait réaliser à quel point la vie est précieuse et que la vivre pleinement est indispensable. J’ai toujours été un enfant très curieux. Et d’une certaine façon, j’ai toujours eu le sentiment rassurant que si jamais je me retrouvais un jour dans une situation compliquée, quelqu’un viendrait m’aider à m’en sortir », dit-elle en songeant à ces années passées.

Photo : Ren Hang pour Magazine Antidote : The Freedom Issue.

Peut-être est-ce ce sentiment de sécurité qui a donné à Michèle Lamy cette impression d’invincibilité tout au long de sa vie. Par le passé, elle a travaillé en tant que danseuse de cabaret, puis en tant qu’avocate de la défense dans les tumultueuses années soixante et soixante-dix. Mais elle assure que sa vraie conscience de la liberté remonte à son départ de la France pour Los Angeles en 1979. « Je pense que déménager dans un pays étranger, n’importe où à l’extérieur de votre pays d’origine, vous aide immédiatement à vous sentir libre de faire beaucoup de choses », explique-t-elle.

La Cité des anges fut son lieu de résidence pendant près de vingt-cinq ans. Et elles se sont respectivement influencées. C’est là-bas que Lamy a dit oui à son premier mari et a donné naissance à sa fille Scarlett Rouge. C’est aussi l’endroit où elle a ouvert deux restaurants, le Café des Artistes et Les Deux Cafés, qui devinrent des cantines locales pour artistes et autres personnalités créatives. À cette période, elle a aussi lancé une ligne de vêtements de niche baptisée Lamy, pour laquelle une jeune recrue répondant au nom de Rick Owens fut embauchée pour l’aider à la découpe des patrons.

En matière de création, Owens et Lamy sont aux antipodes. « Le travail en équipe est la seule façon dont j’aime être créative. Je m’entoure d’artistes et de façon organique, ça devient quelque chose. Rick est tout le contraire. Il est solitaire. Tout se passe dans sa propre tête », rapporte Lamy. Mais le dicton qui assure que les opposés s’attirent est peut-être la raison pour laquelle les deux sont tombés amoureux l’un de l’autre et ont su construire en duo une vie et un business prospères depuis plus de 27 ans.

Le travail en équipe est la seule façon dont j’aime être créative. Je m’entoure d’artistes et de façon organique, ça devient quelque chose. Rick est tout le contraire. Il est solitaire. Tout se passe dans sa propre tête.
— Michèle Lamy

Michèle Lamy raconte que la façon dont elle et Owens travaillent ensemble est quelque peu détournée. « L’influence que j’exerce sur lui est indirecte, admet-elle. Nous discutons ensemble et parfois ça éveille quelque chose. C’est plutôt génial. Ce n’est pas toujours facile, mais nous avons construit quelque chose ensemble. Cette entreprise est comme notre enfant. »

Elle révèle aussi que lors de son retour à Paris avec Owens en 2003, elle s’est sentie, pour la première fois de sa vie, à la dérive. « J’ai eu l’impression d’avoir comme perdu ma voix parce que je ne savais pas exactement ce que j’avais envie de faire », dit-elle. Mais elle trouve rapidement une échappatoire à sa créativité dans la conception des meubles, des bijoux et des projets d’architecture d’intérieur de la marque Rick Owens. Elle imagine aujourd’hui des pièces extraordinaires dont le mot d’ordre est l’élégance imposante. Ces objets d’art qui allient beauté brute de l’industriel et mondes naturels transcendent incontestablement les deux aspects de ces éléments fondateurs.

« Je me trouve dans une phase de ma vie où je suis sollicitée pour beaucoup de choses et je dis oui à tout parce que, pourquoi pas ! J’aurais dû partir à la retraite il y a des années, mais je ne me sens pas vieille et je peux faire tout ce dont j’ai envie. Je peux danser », assure Lamy.

Et là où elle préfère aujourd’hui danser, c’est à bord d’une péniche. L’an dernier, Owens et elle ont aménagé une barge avant de la faire naviguer jusqu’à la Biennale de Venise. Baptisé « Bargenale », ils ont ancré ce hub artistique flottant sur l’île de Certosa. Aux commandes du restaurant de la péniche, un chef congolais de 24 ans découvert par Lamy et nommé Dieuveil Malonga concoctait des plats issus de l’afro-fusion tandis que des artistes exposaient temporairement leurs travaux et qu’un improvisé studio d’enregistrement se voyait investi par un certain A$AP Rocky.

Le livre Radical Renaissance 55+5 de Renzo Rosso est disponible aux éditions Assouline.

Le livre Radical Renaissance 55+5 de Renzo Rosso est disponible aux éditions Assouline.

« J’aime construire des choses. Mais elles ne doivent pas nécessairement durer. Elles peuvent être éphémères. Puis il y a l’envie perpétuelle de surprise. J’organise donc mes propres surprises. Il y a toujours une part de risque dans ce que j’entreprends. Mais je suis toujours ouverte à entreprendre, ça ne me fait pas peur du tout », certifie-t-elle. Lamy est emballée à l’idée de reproduire l’idée de la barge mais seulement selon son idée originelle. « J’ai déjà dit que mon rêve est d’aller à Chypre, ou quelque part par là, et d’inviter sur la barge des femmes palestiniennes et israéliennes. Avec la musique, la nourriture et tout, on pourra peut-être trouver une solution aux guerres », explique-t-elle.

Une récente rencontre fortuite avec quelqu’un qui a eu vent de cette idée de barge de la paix, dispose de connexions en Israël et souhaite concrétiser ce projet, laisse Michèle Lamy, penser que ce rêve deviendra peut-être un jour réalité. « Les choses vont commencer à changer seulement si les femmes le font. C’est la seule façon de gagner les guerres », dit-elle avec la détermination d’acier qui la caractérise.

Au regard de la vie qu’a menée Lamy jusqu’à présent, il est difficile de ne pas croire en la réalisation prochaine de son souhait. Armée d’une ténacité sans faille, elle pourrait bien être le type de diplomate créatif à même de réussir là ou d’autres ont échoué. « Je pense qu’il est temps pour moi de céder ma place. Avec tout ce que j’ai fait au cours de ma vie, j’ai le sentiment que le bon moment est arrivé. La barge est un symbole de cela. Et je pense que son succès a été immense », prononce Michèle Lamy des étincelles plein les yeux et une excitation à peine contenue pour la prochaine aventure d’une vie remarquable.


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💭 Renzo Rosso for ANTIDOTE

Renzo Rosso, le fondateur italien de Diesel, est depuis 2002 à la tête du groupe OTB, maison mère des griffes Marni, Maison Margiela ou encore Viktor&Rolf. L’homme d’affaires s’exprime ici sur ce qu’il considère être la prochaine limite du luxe, la plus-value de la jeunesse et la raison pour laquelle commettre des erreurs est essentiel.

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Comment Renzo Rosso a fondé un empire mode prospère.


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Renzo Rosso, le fondateur italien de Diesel, est depuis 2002 à la tête du groupe OTB, maison mère des griffes Marni, Maison Margiela ou encore Viktor&Rolf. L’homme d’affaires s’exprime ici sur ce qu’il considère être la prochaine limite du luxe, la plus-value de la jeunesse et la raison pour laquelle commettre des erreurs est essentiel.

Au sein de l’industrie de la mode, nombreux sont les créateurs, artistes et artisans qui s’accrochent à leur liberté créative comme si leur vie en dépendait. Mais en coulisses, parmi tous ceux chargés de l’aspect commercial de la croissance d’une entreprise et parmi les esprits aussi inventifs qu’inspirés dans leur façon de gérer leurs marques, un seul demeure irréductiblement légitime – Renzo Rosso.

À 60 ans, ce père de sept ans a fondé un foyer pour certaines des maisons les plus créatives et audacieuses de toute l’industrie. Son holding OTB – l’acronyme d’ « Only The Brave », ce qui vous donne une idée plutôt claire de la vision du monde de Rosso – abrite Maison Margiela, Viktor & Rolf, Marni, et son premier amour – Diesel, qu’il a fondé en 1978.

« Mon succès s’explique par le fait que je dis toujours ce que je pense, lance Renzo Rosso, en visite à Paris pour un contrôle de routine chez Maison Margiela, autour d’une tasse de café. Parce que si vous avez l’opportunité de dire aux gens ce que vous pensez réellement, c’est comme ça que vous allez apprendre ».

Et Rosso est célèbre pour ne jamais garder bien longtemps sa langue dans sa poche. Il est aussi bien connu pour son extrême générosité, son approche non conventionnelle de la stratégie commerciale et sa capacité à soutenir et protéger les artistes. Sa notoriété, il la doit également aux visites improvisées qu’il rend aux boutiques de son groupe pour se faire une idée propre de l’état de santé de son entreprise, au regard des retours faits directement par ses équipes de vente. « J’entre et me dirige directement vers la caisse pour demander à la personne qui s’y trouve ce qui fonctionne, ne fonctionne pas et ce que les clients demandent et dont nous de disposons pas. Trois questions simples qui vous permettent de comprendre la vraie réalité du marché », explique Rosso, persuadé que les réponses qu’il récolte sont tout aussi pertinentes que n’importe quel rapport d’analyse statistique déposé sur son bureau.

Le magnat est aussi convaincu que laisser les personnes présentes au premier rang être à l’initiative de nouvelles stratégies profite à son entreprise. Il encourage sans relâche ses équipes à tester et envisager les choses non pas comme elles le sont actuellement mais plutôt comme elles pourraient l’être. « Je tiens à ce que les gens qui travaillent avec moi se sentent complètement libres. J’essaie de faire que les gens avec qui je collabore se sentent proches de moi et suffisamment en sécurité pour dire ce qu’ils pensent en toute honnêteté. Ce sont eux qui sont sur le terrain au jour le jour. Qui mieux qu’eux pourrait envisager de nouvelles alternatives ? », clarifie-t-il.

Mon succès s’explique par le fait que je dis toujours ce que je pense.
— Renzo Rosso

Et en bon père qui se respecte, Rosso est conscient que le fait d’accorder des responsabilités à son équipe pour qu’ils puissent prendre des décisions de leur propre chef convient aussi de leur permettre de commettre des erreurs afin qu’ils puissent ensuite mieux en tirer les enseignements.

« Si vous faites toujours tout bien, vous n’allez jamais développer les anticorps que les erreurs produisent. Quand vous faites une erreur, vous prenez du temps pour comprendre ce qui s’est passé et pourquoi cela s’est passé. Et cela développe en vous ces anticorps qui vous font grandir et vous endurcissent pour ce qui vient ensuite », déclare-t-il. N’oublions pas que la devise du milliardaire est « Sois stupide ». Autrement dit, seuls ceux qui prennent des risques finiront un jour par réussir.

L’inébranlable confiance qu’accorde Rosso à son staff a fait naître au sein de la société non seulement une culture corporate de diversité et d’audace mais aussi un dévouement profondément ancré pour son fondateur. Antonella Viero, main droite de Renzo et directrice de la communication institutionnelle du groupe OTB explique pourquoi son nouveau livre « Radical Renaissance 55 + 5 » ne s’est pas appelé « Sixty », alors que ses deux précédents ouvrages voués à commémorer chaque décennie du règne de Rosso ont été baptisés respectivement « Fifty » et « Forty ».

“Quand Renzo a fêté ses soixante ans le 15 septembre, l’équipe internationale de Diesel au complet lui avait réservé une surprise : d’innombrables posts Instagram d’employés qui imitaient la pose de sa célèbre photo prise par Rankin avec le hashtag #happy55plus5, raconte Antonella Viero. Cinq est son chiffre favori et il a toujours dit en rigolant, qu’après avoir fêté son 55e anniversaire, il arrêterait de les fêter, ils ont donc pensé que 55+5 serait plus drôle que 60 ! Quand nous avons vu cela, il a adoré l’idée et a choisi de l’intégrer au titre du livre”.

Le livre Radical Renaissance 55+5 de Renzo Rosso est disponible aux éditions Assouline.

Le livre Radical Renaissance 55+5 de Renzo Rosso est disponible aux éditions Assouline.

Ce que le coffee table book assène à coups d’images évocatrices et de citations de créateurs, du staff ou de Renzo Rosso lui-même, c’est la caractère radical de cet homme de la Renaissance. S’il est occupé à superviser ses prestigieuses maisons de mode, il développe aussi une activité de décoration d’intérieur, est l’heureux propriétaire d’un vignoble fructueux, mène les actions de sa fondation Only The Brave à but non lucratif qui milite pour un mode de vie durable, chapeaute H-Farm, son incubateur de start-ups digitales et trouve le temps d’investir dans EcorNaturaSí, une entreprise d’agriculture biologique.

S’il y a bien une chose que toutes les marques regroupées sous le toit d’OTB ont en commun, c’est un esprit rebelle et une détermination à maintenir un point de vue à la fois unique et très personnel. Viktor Horsting et Rolf Snoeren de Viktor & Rolf ont abandonné les défilés de prêt-à-porter pour se consacrer exclusivement à l’arène de la haute couture, une démarche encouragée par Rosso. « Notre nature est fondamentalement rebelle, le fait de repousser les limites stimule notre créativité », explique le duo dans le livre. Et le choix d’inscrire John Galliano dans le sillage de la Maison Margiela en tant que directeur artistique a montré une nouvelle facette de Rosso. Celle d’un homme prêt à prendre des risques dès lors qu’il discerne un potentiel créatif qui en vaudrait le coup.

En janvier, Diesel présentait sa nouvelle ligne de meubles au Salone del Mobile de Milan.

En janvier, Diesel présentait sa nouvelle ligne de meubles au Salone del Mobile de Milan.

Maintenant que l’entrepreneur peut se targuer de sa capacité à habiller le monde, il cherche de nouveaux moyens pour l’héberger et la nourrir. Il a imaginé un grand nombre de pièces de design récompensées au Salon du Meuble de Milan. Là-bas, Diesel a allié ses compétences créatives au savoir-faire d’entreprises capables de construire des intérieurs de pointe afin d’en extraire des créations collaboratives qui ont propulsé l’activité vers de nouveaux sommets inattendus. « Je trouve que ce segment est particulièrement intéressant parce que les gens restent de plus en plus à la maison, explique Rosso. Aujourd’hui, vous pouvez travailler depuis chez vous, et tout peut vous y être directement livré. Les opportunités de rester à la maison se font donc de plus en plus nombreuses, et en conséquence cette activité devient de plus en plus importante. »

J’aime la mode, je viens de la mode mais parfois, je trouve les gens de la mode un peu too much.
— Renzo Rosso

Leur allure extérieure, c’est chose faite. Rosso veut maintenant dédier son énergie à rendre les intérieurs de ses clients tout aussi remarquables. Pour ce faire, il est revenu à ses racines. Né et élevé dans une ferme à Brugine, un petit village situé à la sortie de la ville de Padoue en Italie, l’entrepreneur investit à présent et de façon significative dans l’industrie de la nourriture biologique. C’est un domaine dans lequel il souhaite s’immiscer depuis plus de vingt ans. Il est aujourd’hui intimement convaincu que le monde est désormais prêt à manger sainement. « Je crois beaucoup en la pérennité de cette industrie et je souhaite voir mon entreprise se diriger de plus en plus dans cette direction », confirme Rosso.

Néanmoins, la nourriture saine n’est pas le seul attrait de Renzo pour l’entreprise d’agriculture écologique EcorNaturaSì. Ce sont les fermiers eux-mêmes qu’il estime. “J’aime vraiment discuter avec ces cultivateurs. J’aime la mode, je viens de la mode mais parfois, je trouve les gens de la mode un peu too much. C’est peut-être parce que j’ai 60 ans, je n’en sais rien, sept enfants, c’est beaucoup de responsabilités et j’ai envie de m’entourer de vrais gens”, explique Rosso.

En réalité, il existe deux types de personnes dont Rosso veut s’entourer ; les authentiques, et les jeunes. Il croit profondément en le pouvoir de la jeunesse et en son esprit indépendant. Un esprit qui n’a pas pâti du fardeau de l’expérience ou du temps qui passe, parfois à l’origine d’une diminution du champ de vision. C’est pour cela qu’il soutient des récompenses de mode à l’instar du prix de l’ANDAM et c’est aussi la raison pour laquelle il a fondé en Italie le think tank H-Farm. 

720 Likes, 9 Comments - Renzo Rosso (@renzorosso) on Instagram: "Haute couture at Maison Margiela Artisanal with Anna Cleveland @maisonmargiela #hautecouture..."

H-Farm, entré en bourse l’an passé, est le deuxième plus grand incubateur au monde. Rosso et son équipe reçoivent plus d’un millier de propositions chaque année de la part d’investisseurs désireux de rejoindre H-Farm. D’ordinaire, il finance sept ou huit start-ups chaque année et s’engage à les sponsoriser pour trois ans. Le dessein étant de trouver des entreprises qui pourront bénéficier de nouveaux concepts issus d’H-Farm et être capable de les allier entre eux afin que ce soit profitable aux deux entités.

« J’y vais et j’y passe la journée entière. Ça m’inspire tellement. Être autour d’eux est très stimulant. J’ai toujours aimé être entouré jeunes », raconte Renzo Rosso. Il admet aussi en riant que son équipe n’aime pas le savoir à H-Farm car à chaque fois qu’il en revient, il est pris de l’envie soudaine de changer l’intégralité du fonctionnement de sa société.

Aujourd’hui, Rosso relève en famille le défi de la gestion d’une multinationale. Ses deux fils aînés, Stefano Rosso, PDG du groupe OTB et Andrea Rosso, directeur de la création des licences Diesel, épaulent leur père dans ses audacieuses prises de décisions commerciales. Le secret du succès de Rosso père réside dans sa capacité à aussi bien écouter que diriger. “Si je crois en quelque chose, 90% du temps, je peux convaincre les gens de le faire”, déclare-t-il de fait.

Quant au futur d’OTB, les rumeurs qui courent autour de l’entrée en bourse prochaine de son business ne sont pas infondées. “Plus je vieillis et plus je pense qu’il va bientôt être temps pour l’entreprise d’entrer en bourse et d’en diviser les parts avec les enfants et les managers afin de concevoir le fonctionnement telle une communauté impliquée dans le groupe. L’entreprise pourrait entrer en bourse demain, les bonnes personnes sont là où il faut, mais ce sera peut-être plutôt dans cinq ans”, ajoute-t-il. En complément d’un sourire avant de filer à son prochain rendez vous. “J’ai encore beaucoup de progrès à faire”.


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💭 Beth Ditto for ANTIDOTE

Beth Ditto en est convaincue : elle est légitime en tant que créatrice de mode. Avec le lancement de sa collection de vêtements, elle ne laisse, une fois de plus, personne lui dicter ce qu’elle peut ou ne peut pas faire de sa vie.

This article first appeared in the Freedom Issue 2016-2017 of ANTIDOTE Magazine.


Beth Ditto : « Les gens ringards sont avant-gardistes »


Photography by Ezra Petronio

Photography by Ezra Petronio

Beth Ditto en est convaincue : elle est légitime en tant que créatrice de mode. Avec le lancement de sa collection de vêtements, elle ne laisse, une fois de plus, personne lui dicter ce qu’elle peut ou ne peut pas faire de sa vie.

Beth Ditto est une force de la nature. Quiconque l’a vue en concert peut témoigner de l’incroyable énergie qu’elle libère sur scène. Du sang, de la sueur et des larmes, elle donne même parfois les vêtements qu’elle porte. Tel un générateur de musique haute tension face à ses fans, Ditto est entièrement dévouée à son public. Que ce soit quand elle chante, quand elle défile pour ses amis parmi lesquels Jean Paul Gaultier et Marc Jacobs ou lorsqu’elle accorde une interview.

C’est une charmeuse hors-pair. Son doux accent du sud – elle est née au cœur des États-Unis à Searcy, dans l’Arkansas – désempare et captive. Quant à son sourire permanent, son rire contagieux et son franc-parler, ils vous donnent immédiatement l’impression d’appartenir à sa garde rapprochée. À titre d’exemple, nous n’étions pas encore assises pour discuter de sa nouvelle ligne de vêtements qu’elle me demandait déjà d’essayer mon manteau coloré. Et de courir dans la chambre d’hôtel, où se cachait son équipe, pour le leur montrer. Qui sait, il inspirera peut-être une tenue pour sa prochaine collection.

Beth a toujours été intéressée par la mode et la création. Le processus lui semble très similaire à celui de la création d’un disque. D’ailleurs, les codes vestimentaires définis par un créateur pour une maison de mode sont finalement proches des « tubes » qui ne demandent qu’à être revisités et remixés. La robe Lola, présentée dans la première collection de Beth Ditto, est le type de pièce qu’elle pense pouvoir décliner dans de futures collections.

Élevée dans un milieu défavorisé, Ditto a vite compris à quel point il allait lui être difficile de trouver des pièces qui pourraient sinon flatter, convenir à sa silhouette grande taille. C’est ce qui l’a contrainte à faire preuve de créativité pour pouvoir se vêtir convenablement. Elle retravaillait des vêtements déjà portés afin de leur donner du caractère. Sa maîtrise du crochet, ce pour quoi elle affirme être « super forte », a également été très utile à la réalisation de sa ligne automne – hiver 2016. Mais la lutte quotidienne pour habiller son corps d’adolescente est en grande partie responsable de sa volonté d’autofinancer sa propre ligne de vêtements dédiés aux femmes qui ne font pas une taille XS, ni L d’ailleurs. Dans cette interview, elle raconte comment Peggy la cochonne est devenue sa première icône de mode, pourquoi porter des sacs -poubelle a transformé sa vision de la mode, et pourquoi le lancement de sa marque éponyme est le fruit d’un travail d’amour et de passion.

Nous n’avions pas d’argent, donc nous devions être très créatives.
— Beth Ditto

Antidote : Vous souvenez-vous du premier rapport que vous avez entretenu avec la mode. Quelle était la pièce que vous vous deviez absolument de posséder ?
Beth Ditto :
Je me souviens que j’avais vraiment envie d’être scout quand j’étais petite parce que j’adorais l’uniforme. Puis je l’ai essayé et j’ai détesté. En fait, j’étais toujours très attirée par des trucs comme ça. Et aussi, je dois dire que Peggy la cochonne a radicalement changé les choses. Elle avait beau être un cochon, elle était tellement glamour ! Je voulais m’habiller comme elle. Je me souviens que lorsque je portais mes gants en hiver, j’enroulais des « vavas », ces élastiques pour cheveux avec deux petites boules à chaque extrémité, autour de mes doigts pour en faire des bagues. J’étais vraiment obsédée par les années quatre-vingt et leur côté extrême. J’adorais ça et je pense que c’est resté en moi pendant longtemps. Pareil, entre l’âge de 3 et 5 ans, je regardais MTV, avant que la chaîne ne soit interdite là où je vivais, et ça défiait tellement la dualité des genres, c’était si fort, si impertinent, bizarrement « queer » et en même temps très féminin. Tout cela m’a vraiment marqué.

Mais alors qu’avez-vous fait quand vous n’avez plus eu accès aux vidéos de MTV pour l’inspiration ?
Je vivais dans une bulle. Je m’imaginais en Glinda, la Bonne Sorcière du nord. Il y avait une vieille camionnette en panne devant notre maison, c’était caricatural de ce que tu vois dans le Sud, posée sur des parpaings. Ma mère en avait nettoyé l’arrière rien que pour moi. Juste pour que je puisse imaginer que la camionnette était ma propre bulle de Glinda dans Le Magicien d’Oz. Ma mère était super ingénieuse et imaginative. Nous n’avions pas d’argent, donc nous devions être très créatives. C’est aussi de là que vient cette idée qui me tient à cœur de vêtements en sacs-poubelle parce que ma mère en utilisait toujours quand on jouait à se déguiser, et pour Halloween.

Est-ce que vous diriez que votre mère a eu une grande influence sur votre sens du style ?
D’une certaine façon, oui. De la même façon qu’on nous a bien fait comprendre qu’on était pauvres mais pas sales pour autant, « le savon, c’est pas cher, et l’eau, c’est gratuit », c’est le genre de truc qu’elle disait. Ma mère était toujours en jean et t-shirt, et elle nous a appris à nous contenter de ce style. Quand elle a mis une robe pour mon mariage, ça faisait bizarre. Elle ne porte jamais de maquillage. Je pense que c’était un vrai garçon manqué quand elle était petite. Si bien qu’elle s’est toujours demandée d’où mes trois sœurs et moi venions, parce qu’on aimait toutes les trois les trucs de filles. Mais je pense que je suis aussi comme ma mère dans la mesure où j’adore le côté créatif. Apprendre comment cela fonctionne. Je dis toujours que je ne suis peut-être pas une artiste mais plutôt une artisane. J’aime faire des choses, créer avec mes mains.

Confectionnez-vous des vêtements depuis votre plus jeune âge ?
Depuis toujours. J’étais vraiment douée pour trouver avec mes sœurs des trucs cool dans les quantités de sacs de vieux vêtements que les collègues de ma mère lui donnaient au lieu de jeter. En général, ils étaient bien démodés, d’au moins dix ans. Mais, encore aujourd’hui, je suis obsédée par l’idée que les gens vraiment très ringards sont en fait avant-gardistes. Juste en retirant ou en modifiant légèrement un truc sur un vêtement, il peut à nouveau être cool. Mine de rien, j’étais très ingénieuse. Et puis d’autres filles ont commencé à me demander des conseils en mode. Juste parce que j’aimais vraiment la mode et parce que j’étais toujours branchée par des trucs bizarres.

Photography by Ezra Petronio

Photography by Ezra Petronio

Vous souvenez-vous de la première fois où vous avez compris le pouvoir de la mode sur les gens ?
Oui ! Vous savez, j’ai toujours été grosse. J’étais toujours un peu en retard sur toutes les tendances et c’est ce qui m’a mise à part. J’avoue que la partie la plus fun quand on est adulte et qu’on peut créer sa propre ligne, c’est de pouvoir faire toutes les choses qu’on voulait enfant mais qu’on ne pouvait pas acheter. Maintenant, je peux me créer ces pièces.

Donc, en réalité, vous étiez créatrice de mode en herbe avant de vous lancer dans la musique.
Je ne sais pas si je dirais ça… c’est comme avoir été à la télévision un jour et se prendre pour un acteur… Mais c’est vrai que, avant la musique, les gens me remarquaient parce que je faisais du bruit – j’avais toujours des avis bien tranchés –, et parce que je m’habillais différemment des autres. Je me souviens, un jour, j’ai été la première fille à porter des pantalons kaki à l’école et ça a fait toute une histoire.

Votre nouvelle ligne de vêtements grande taille est remarquable parce qu’elle ne considère pas qu’une seule morphologie, contrairement à la majorité de ce marché.
Ce que je voulais éviter, c’était de me concentrer sur l’idée d’avoir l’air plus mince ou de façonner le corps selon une certaine silhouette. Ce n’est pas parce qu’elles sont fortes que toutes ces filles ont les mêmes formes. Je voulais faire des choses pour les gens ronds avec plein de types de corps différents. Nous avons fait un salon hier à Berlin et c’était merveilleux de regarder toutes ces femmes avec des types de corps hyper variés essayer la collection. Il y en avait vraiment pour tout le monde. Parce que je suis une femme forte mais j’ai conscience que tout le monde n’est pas fait comme moi. Et les garçons peuvent aussi porter la collection. C’était vraiment drôle de voir les garçons essayer mes vêtements.

Y’a-t-il des contraintes en matière de création pour des clients grande taille ?
Je pense que tout dépend du contexte – c’est ça le truc. Il ne s’agit pas forcément de vouloir montrer son corps. J’ai appris ça de Missy Elliot, quand j’ai vu sa vidéo The Supa Dupa Fly dans les années quatre-vingt-dix dans laquelle elle portait un sac-poubelle noir. Elle était tellement cool et incroyablement en avance. Je me souviens avoir regardé la vidéo et m’être dit : « c’est vraiment nul qu’ils n’aient pas montré son corps et qu’ils lui aient juste fait enfiler un sac-poubelle », et puis quelqu’un m’a fait remarquer que c’était plutôt bien parce qu’en fait elle semblait plus grosse dans cette tenue. Et cela m’a vraiment appris que tout, en termes de goût, peut être soit horrible soit incroyable et que cela dépend uniquement du contexte. Comme le boubou. Si tu entreprends d’en créer un mais que tu es flemmard, parce que tu n’es pas assez créatif pour trouver un moyen novateur de le réinventer, c’est que tu n’as pas l’étoffe d’un visionnaire. Mais si tu le fais en te disant : « ça va être incroyable », et que tu le fais ressembler à Mama Cass – belle, grosse et puissante – alors ce boubou sera un truc complètement génial.

C’est à Noël que je me sens le plus libre. Parce que c’est ultra kitsch. À Noël, le mauvais goût est permis et personne n’en attend moins de toi.
— Beth Ditto

Votre collection est aussi, me semble-t-il, créée sur un modèle éthique. Et fabriquée presque entièrement aux Etats-Unis, n’est-ce pas ?
À vrai dire, j’ai fait deux collections capsules pour une marque appelée Evans et ça m’a beaucoup plu. Mais le problème, c’est qu’on ne savait pas vraiment où ces vêtements étaient confectionnés. Sur ce, j’ai vraiment hésité à faire ces collections. Et puis je me suis dit que si jamais j’avais un jour la chance de créer ma propre ligne, je voudrais savoir exactement où et comment tout serait fait.

Alors, quel message souhaitez-vous faire passer à l’industrie de la mode par l’intermédiaire de cette marque ?
Ce qui a été vraiment difficile pour moi avec le marché de la grande taille, avec la communauté, c’est que beaucoup de gens pensent que le prix des articles est prohibitif. Parce qu’ils me voient dans les magazines et parce que je suis connue, les gens ont tendance à croire que je suis une sorte de nabab, alors que tout ça est le fruit d’un travail d’amour et de passion. Le prix des pièces est calculé en fonction du coût de fabrication.

Donc vous ne gagnez pas d’argent avec cette collection ?
Bien sûr que non ! J’espère qu’un jour, nous réussirons au moins à équilibrer les comptes. Et j’ai en effet un autre métier. J’ai fait ça purement par amour parce que j’ai senti qu’il y avait une demande et que je pouvais faire quelque chose pour y répondre. En fait, le mouvement pour l’acceptation des gros est si important qu’il doit être pris au sérieux. Les marques qui créent des vêtements pour ce segment ne peuvent pas seulement augmenter la taille de leurs vêtements pour personnes minces. Ils doivent vraiment prendre en compte ce dont nous avons besoin.

Alors, quels sont les rapports entre la création d’une collection de mode et la création d’un album ?
Je pense que les deux se passent vraiment de la même façon. Il s’agit de coucher sur le papier des idées qui tournent dans ta tête. Je ne vais pas trop loin dans la créativité, si vous voyez ce que je veux dire, parce que si je le fais, ça finit toujours par paraître artificiel et je m’en lasse rapidement.

Puisque le thème de ce numéro est la liberté, je me dois de vous demander : quand vous sentez-vous le plus libre ?
C’est à Noël que je me sens le plus libre. Parce que c’est ultra kitsch. À Noël, le mauvais goût est permis et personne n’en attend moins de toi. Autant dire que je peux être aussi tape-à-l’œil et clinquante que je veux, et j’adore ça. Il n’y a aucune pression, je peux juste être moi-même.


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💭 Paris Fashion Week for ANTIDOTE

At this point everyone’s memory of the month long fashion month is a bit of a blur. But there were still some stand out moments in Paris that rose above the sleep deprived fog that clouded the brain by week’s end. Here is what Antidote won’t forget.

This article first appeared in the ANTIDOTE Magazine..


The Talking Points of Paris Fashion Week


Balenciaga Spring/Summer 2017

Balenciaga Spring/Summer 2017

At this point everyone’s memory of the month long fashion month is a bit of a blur. But there were still some stand out moments in Paris that rose above the sleep deprived fog that clouded the brain by week’s end. Here is what Antidote won’t forget.

MESSAGE RECEIVED : T-SHIRTS WITH SOMETHING TO SAY

From left to right : Paco Rabanne Spring/Summer 2017, Sacai Spring/Summer 2017, Haider Ackerman Spring/Summer 2017, Christian Dior Spring/Summer.

From left to right : Paco Rabanne Spring/Summer 2017, Sacai Spring/Summer 2017, Haider Ackerman Spring/Summer 2017, Christian Dior Spring/Summer.

Forget Instagram, Facebook and Twitter this season in Paris designers went old school to get their message across. They simply plastered them onto t-shirts sported by models in their shows.
The message that made the biggest impact came from Maria Grazia Chiuri with her debut collection at Christian Dior. She had a number of tees with messages on them but it was the “ We Should All Be Feminists” top that went viral on social media. But she was far from alone when it came to designers wanting to get the word out. Haider Ackermann went with “Be Your Own Hero” and Chitose Abe at Sacai stated “Fashion Is A Passion”. Then there was Redemption’s designer Gabriele Moratti who’s cotton tee asked the question “So What” with a peace sign in place of the O. It was all about “Futuresex” at Paco Rabanne and at Sonia Rykiel sweaters honored the recently deceased founder by outfitting the knitwear with some of her bon mots scrawled in red on the back.

MODEL MARATHON : THE HARDEST WORKING MODEL IN FASHION

648 Likes, 16 Comments - coldpieceofwork (@selenaforrest) on Instagram: "yesturday @chanelofficial thank you 💓💓💕 @karllagerfeld"

If we were to base this title just on the model who got the most social media coverage over the month then the winner would be Gigi Hadid. She opened, closed or walked in what felt like every single show in Paris, considering how many images of her were posted online.
But the real winner this season was Selena Forest. She came out ahead on a three-way tie with Camille Hurel and Jess Picton Warlow (all of them walking in 52 shows) because she opened and closed a few more key fashion shows. Forest, who recently had the coveted spot on the cover of the Summer 2016 issue of I-D magazine, started her career opening the Porenza Schouler ss16 show. And this season the Californian native not only walked in over 50 show, she walked for almost all of the biggest houses in the game. Louis Vuitton, Chanel, Valentino, Dior, Loewe, Yves Saint Laurent and Chloe were just a few of the brands that tapped Forest. Her status as the it-model of the season is uncontestable.

STATEMENT SLEEVES : TIME TO SHOULDER UP

From left to right : Celine Spring/Summer 2017, Jacquemus Spring/Summer 2017, Paco Rabanne Spring/Summer 2017, Balenciaga Spring/Summer 2017.

From left to right : Celine Spring/Summer 2017, Jacquemus Spring/Summer 2017, Paco Rabanne Spring/Summer 2017, Balenciaga Spring/Summer 2017.

The exaggerated shoulder and outsized sleeves trend began to pop up in Milan at the Dsquared2 and Dolce and Gabbana shows. But it was in Paris, where designer Demna Gvasalia started the movement for outsized shoulders in his debut collection at Balenciaga last season, that the trend really took off. Not only did Balenciaga continue to explore intriguing shoulder construction, so did Jacquemus, Celine, Mash Ma, Vivienne Westwood, Emanuel Ungaro and Stella McCartney.
Back in the 80s women worn power suits with padded shoulders to take on the male dominated business world. The design helped women mimic the physically of their male counterparts, but physiologically those XXL shoulders also symbolized the weight and pressure that women felt were on their shoulders as they entered the work place. So the question must be asked, what burden are women shouldering today?

KIM KHAOS : KIM KARDASHIAN HOLDS UP PARIS FASHION WEEK

Kim Kardashian & Kanye West attend Balmain’s aftershow at Loulou.

Kim Kardashian & Kanye West attend Balmain’s aftershow at Loulou.

Terrorist and social strife couldn’t succeed in bringing Paris to its knees but when reality TV star Kim Kardashian was robbed of 10 million dollars worth of jewelry at gunpoint in her hotel, by five gunman disguised as police officers, on Monday it looked as if it would be the City of Light’s undoing. The international media storm surrounding the incident gave Paris another black mark on its already tarnished reputation. Although one highly placed French fashion editor did make the remark that the skill with which the robbers pulled off the heist showed just how resourceful and creative the French could be.
Kardashian has yet to return to her numerous social media feeds to comment officially about the incident. When she finally does give her first exclusive interview count on Paris not being talked about in a flattering way. But Paris has existed for hundreds of years before Kardashian came to town and it will certainly survive this latest blow to its character. And would a Paris Fashion Week without any Kardashians be such a bad thing?

FASHION REBIRTH : THE NEXT ERA OF PARIS

From left to right : Valentino Spring/Summer 2017, Christian Dior Spring/Summer 2017, Saint Laurent Spring/Summer 2017, Lanvin Spring/Summer 2017

From left to right : Valentino Spring/Summer 2017, Christian Dior Spring/Summer 2017, Saint Laurent Spring/Summer 2017, Lanvin Spring/Summer 2017

Finally it was time to see what all the fuss was about. In the history of fashion never have four of the most influential fashion brands in the world all debuted new designers in the same season. But that sartorial perfect storm happened in Paris this week as Christian Dior, Yves Saint Laurent, Valentino and Lanvin all unveiled the next chapter in the history of their houses. Designers Maria Grazie Chiuri (Dior), Anthony Vaccarello (YSL), Pierpaolo Piccioli (Valentino) and Bouchra Jarrar (Lanvin) presented their new vision of the house they now called home. All of them had one thing in common. Each, in their own way, created a collection that had at its core the idea of empowering women. And that is news worth celebrating.

FASHION LOVEFEST : ALBER FOREVER

The whos who of the fashion world gathered at the Minster of Culture on Monday to bear witness to designer Alber Elbaz become a member of the Legion of Honour, the highest French order for military or civil merits that the country awards. After a moving speech by Audrey Azolay, the Minster of Culture, and a touching, but also delightfully funny, acceptance speech by Elbaz – that included a symbolic use of a thimble (you had to be there) – many in the room had tears of joy in their eyes as they embraced the designer and admired his stylish new metal.

BIG GOSSIP : BRIONI’S BOMB

Brioni Fall/Winter Campaign 2016

Brioni Fall/Winter Campaign 2016

At the tail end of Paris Fashion Week the front row was whispering about the news that Brioni had parted ways with its creative director of less than a year, Justine O’Shea. The appointment of O’Shea raised eyebrows when it was announced in March as his previous job had been not as a designer but rather the global fashion director of the online luxury fashion site MyTheresa. Brioni presented O’Shea’s first any only collection for the menswear brand during the couture shows in June to mixed reviews. But it was his choice to use Metallica as the face of the brand that generated the most buzz for Brioni. Apparently it was a buzz that the brand’s loyal clientele did not care for. This was one of the shortest creative director tenures in recent fashion history and sends a strong message that being a creative director does not make someone a designer.

PLEATS PLEASE : PARIS LINES UP

From left to right : Wanda Nylon Spring/Summer 2017, Balenciaga Spring/Summer 2017, Sacai Spring/Summer 2017, Chanel Spring/Summer 2017, Haider Ackermann Spring/Summer 2017

From left to right : Wanda Nylon Spring/Summer 2017, Balenciaga Spring/Summer 2017, Sacai Spring/Summer 2017, Chanel Spring/Summer 2017, Haider Ackermann Spring/Summer 2017

Stripes continued to be big in Paris, but the idea was pushed even further by moving into the textural suggestion of lines via the pleating of fabrics. Besides Haider Ackermann’s fantastic pleat filled collection, the attractive accordion style popped up on the Chanel catwalk, at Louis Vuitton, not to mention Valentino, Balenciaga, Sacai, Raul Mishra, Wanda Nylon, Lutz, Veronique Branquinho and, of course Issey Miyake.

REBOOT : THE NEW LUXURY BOOT

Louis Vuitton Spring/Summer 2017

Louis Vuitton Spring/Summer 2017

On the last day of Paris Fashion Week designer Nicolas Ghesquiere gave those of us who hate showing of our toes in summer a savvy new alternative- the Louse Vuitton cowboy boot. They came down the catwalk in ankle or calf lengths and looked particularly cool when worn with short skits. This left exposed the LV logo tab at the back. This was a clever design move because it created an original new way for devotees of the brand to show off the Louis Vuitton name. But it was also a practical tool to help pull those exotic, often metallic hued, boots on in the summer heat.

A WELCOMED RETURN : OLIVIER THEYSKENS

Olivier Theyskens Spring/Summer 2017

Olivier Theyskens Spring/Summer 2017

After two years away from the fashion spot light Olivier Theyskens presented signature collection in Paris to just 60 guests. Those that were lucky enough to witness the return of the highly respected 39 year old designer to the runway were treated to a collection that proved Theyskens had learned a lot from his time with the American brand Theory. Where once his eponymous work would be sartorially challenging, if still extraordinarily lovely, now there was a balance. The designer, who is self financing the collection, has finally found a way to bring art and commerce together in a show that bodes well for the Theyskens’s future.

STYLE SURPRISE : RIHANNA’S GOT FASHION SKILLS

Fenty Puma Spring/Summer 2017

Fenty Puma Spring/Summer 2017

It’s harder then it looks to be an artist in one creative field and then try and transition successfully into another (Kanye we are talking to you). But in on of the biggest surprises of Paris Fashion Week Rihanna pulled off her debut Fenty x Puma collection with such skill and substance that made it seem like she had been a designer for years.
Riri is one of the world’s most adventurous fashion plates but on her runway the clothing deftly mixed the gilded halls of Marie Antoinette’s Versailles with the urban street attitude of today in a way that was both feisty and feminine. The casting was spot on and included friends like DJ Sita and model/activist Adwoa Aboah, while the styling was a perfect mix of bling bling and bass ass. Also, and this is important, the clothing looked well made and from quality materials. It looks as if Puma always has all the right ingredients for a successful high profile collection. It was just missing the right cook in the kitchen to bring the sartorial recipe to life. With Riri it has found the perfect chief.


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💭 Milan Fashion Week for ANTIDOTE

It’s a wrap on Milan Fashion Week. But before we head into the final leg of the month long fashion marathon in Paris, Antidote looks back on what made Milan great this season.

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What you need to know about Milan Fashion Week


Gucci Spring-Summer 2017

Gucci Spring-Summer 2017

It’s a wrap on Milan Fashion Week. But before we head into the final leg of the month long fashion marathon in Paris, Antidote looks back on what made Milan great this season.

BEHIND BARS : STRIPES STEAL THE SPOTLIGHT IN ITALIAN

From left to right : Fendi Spring-Summer 2017, Francesco Scognamiglio Spring-Summer 2017, Aquilano.Rimondi Spring-Summer 2017, Emilio Pucci Spring-Summer 2017, Missoni Spring-Summer 2017

From left to right : Fendi Spring-Summer 2017, Francesco Scognamiglio Spring-Summer 2017, Aquilano.Rimondi Spring-Summer 2017, Emilio Pucci Spring-Summer 2017, Missoni Spring-Summer 2017

If there was one breakout trend of Milan fashion week it was the use of stripes on the catwalk. The graphic motif showed up sizes big (Dsquared2, Fendi, Etro) medium (Franceso Scognamiglio, Ports 1961, Aquilano Rimondi,) and implied. Meaning that some designers used micro pleating and ribbing to texturally create the look of stripes on their outfits. Marni, Jil Sander and Arthur Arbesser all went the route of accordion-like pleated fabrics that expanded around the body and over at Emilio Pucci designer Massimo Giorgetti’s gather together in folds his flowing fabric for a more subtle asymmetrical suggestion of a stripe.

Then there was the knitwear expert Missoni. The family owned brand returned to its tried and true ribbed knits to create vertical suggestion of stripes. This embedded line played counterpoint to designer Angela Missoni’s other sartorial narrative of horizontal stripes in a myriad of shades that compartmentalized the models bodies in blocks of color.

THE HADID SISTERS : MILAN’S TAG TEAM SUPERMODELS

Bottega Veneta Spring-Summer 2017

Bottega Veneta Spring-Summer 2017

This week Gigi and Bella Hadid were the big gets on the fashion catwalks. Some designers had to settle for one, but the real power play was to have both women walk a brand’s runway. For front row guests it almost became a game to see which Hadid would open or close a show and how many looks each woman would wear in a single collection.

When the final tally was made Gigi came out on top as the sister who truly dominated Milan Fashion Week. Not only was she handed the proverbial “American Supermodel” torch from icon Lauren Hutton at the end of the Bottega Veneta show she also proved she could handle herself off the catwalk. When she was accosted exiting the Max Mara show by an over zealous fan, who physically lifted her into the air, the featherweight beauty gave the guy a hard elbow to the nose and he promptly let her go. These Hadid women are not to be trifled with on, or off, the catwalk.

THE EYE CATCHING ACCESSORY : THE EMILIO PUCCI HAT

Emilio Pucci Spring-Summer 2017

Emilio Pucci Spring-Summer 2017

Fashion shows are known for coming up with some pretty original accessories to give their collections an added kick. And this season in Milan that continued to be the case. But there was one brand that pulled far out ahead in this field and that was Pucci.

Designer Massimo Giorgetti’s colorful and sporty show featured oversized woven raffia straw hats that totally obscured the models faces as they deftly maneuvered the Pucci catwalk. But what was particularly interesting was that instead of going for a more traditional beige straw hat the designer used pitch black raffia. He left strands of the straw cascade down to the models chins to create a curtain-like effect. The result was both dramatic and playful. A combination that isn’t often attempted but it made for the perfect counterpoint to the tribal-tinged collection.

FORGET THE HEELS : EMBRACE PLATFORM FLATS

From left to right : Versace Spring-Summer 2017, Prada Spring-Summer 2017

From left to right : Versace Spring-Summer 2017, Prada Spring-Summer 2017

When designer Donatella Versace decides to start her signature Versace fashion show with a series of models wearing thick Tevas instead of heels you know a change is a foot in fashion. Versace is a woman who who has never met a high heel she didn’t like, and yes later in the show a few of those appeared. But even the notion that Versace would even consider putting Tevas on her catwalk points to a major footwear shift.

And she wasn’t the only one doing it. The design team at Salvatore Ferragamo offered up some seriously padded soles for its sandals. Miuccia Prada also paired her feather embellished cacophonously colorful outfits with brightly hued, double thick sandals. And Fay, MSGM and Marco de Vincenzo also got in on the thick-soled sandal action.

THE MILLENIAL MOMENT : DOLCE & GABANNA LOOKS TO THE FUTURE

Dolce & Gabbana Spring-Summer 2017

Dolce & Gabbana Spring-Summer 2017

Not so long ago designers Domenico Dolce and Stefano Gabbana caused a stir when they placed the first generation of celebrity bloggers and street style photographers in their front row. Ruffling the feathers of a number of perennial front row guests who now found themselves relegated to second row.

Well the designer duo did it again this season. But this time the front row was filled with #influencers, second generation celebrities and YouTube sensations. Journalists were given a four page handout with the photos and the names of each of the teenage and early twenty-year old guests, along with information on the number of followers they had on Instagram. The screaming crowd outside of the venue chanting the name of YouTube star Cameron Dallas proved that the brand had hit a nerve with the millennials. Having Lucky Blue and his good looking siblings as well as Sistine Stallone (Sylvester’s daughter) and Rafferty Law (son of Jude) not to mention Dylan Jagger Lee (Pamela Anderson and Tommy Lee’s handsome offspring) underlined the fact that a whole new era of celebrity is upon us. And Dolce and Gabbana is embracing it with open arms.

THE MISSING LINK : MAKE-UP

From left to right : Tod’s Spring-Summer 2017, Erika Cavallini Spring-Summer 2017, Les Copains Spring-Summer 2017

From left to right : Tod’s Spring-Summer 2017, Erika Cavallini Spring-Summer 2017, Les Copains Spring-Summer 2017

It looks like Alicia Keys’ choice to stop wearing makeup entirely has had an industry wide ripple effect this season. Starting in New York and now in Milan makeup seems to be nonexistent. Where once we talked about “natural” or “youthful” makeup application the devolution of runway makeup has gotten to the point where even makeup artists themselves are obliged to call their work at the shows a “no makeup makeup” approach.

In Italy a large portion of runway shows and presentations went this highly minimal route. Erika Cavallini, Tods and Brunello Cucinelli kept guests focused on the clothing and accessories at their presentations, rather than the models wearing them, in part by not distracting them with eye-catching makeup applications. But on the runway too designers went the minimal route. Brand, big and small, like Bottega Veneta and Prada or Les Copains and Isa Arfen went for some of the most minimalist makeups on record. This trend is taking the “fresh face” idea to a whole new level.

ONE TO WATCH : GABRIELE COLANGELO

Gabriele Colangelo Spring-Summer 2017

Gabriele Colangelo Spring-Summer 2017

Designer Gabriele Colangelo produced not one, but two, highly original and modern collections in Milan this season. An LVMH prize semi-finalist Colangelo has shown himself to be a uniquely talented designer whose work never seems to reference any particular time or familar design style. His work, be it for his signature brand, or his new gig as the designer for Giada, always finds its starting place in the artistic expression of artists in different fields of creativity, from painting and ceramics to photography and music. But in this designer’s hands those reference points fade, blend and bond together to create something that is whole original and innovative, both visually and texturally, as Colangelo is also a big fan of creating new fabric weaves and fur treatments. He is a true Italian original.

DISCO WILL NEVER DIE : THE 70s STILL SELLS

From left to right : Gucci Spring-Summer 2017, Philosophy di Lorenzo Serafini Spring-Summer 2017, Roberto Cavallini Spring-Summer 2017, Giamba Spring-Summer 2017

From left to right : Gucci Spring-Summer 2017, Philosophy di Lorenzo Serafini Spring-Summer 2017, Roberto Cavallini Spring-Summer 2017, Giamba Spring-Summer 2017

If there is one era that fashion designers seem to find endless inspiration from it is the 1970s. The rich sartorial range of that time, from peace and love hippies and Studio 54 glamour to military garb and ladies who lunch sophistication its easy to understand why the industry can’t get enough of the decade. Milan in particular has a fondness for this time and brands like Gucci, Roberto Cavalli, Philosophy di Lorenzo Serafini, and Giamba all took a page out of the 70s playbook.

But what was nice to see was the way each designer was able to incorporate a bit of that 70s vibe without, in most cases, getting overrun by it. Gucci, for example was a real stand out. The eclectic vintage flavored collection by designer Alessandro Michele, which was also inspired by the time he recently spent in Hollywood, was an evolution of his signature style. The fashion crowd is still fascinated by his sartorial world and wants to continue to explore it. So even if the 70s clearly shapes Michele’s universe it doesn’t overpower it.

THE BATTLE OF THE SUPERMODELS : THE RUNWAY THROW DOWNS

Versace Spring-Summer 2017

Versace Spring-Summer 2017

At both Versace and Bottega Veneta the casting was legendary. Who could sell it better the veterans or the newbies? Would experience win out over youthful enthusiasm? On the Versace catwalk where the order of the day was sporty, sexy body hugging clothing you had Namoi Campbell, Doutzen Kroes, Jourdan Dunn and Adrianna Lima showing the young ones how its done. Taylor Hill, Bella Hadid and her sister Gigi held their own chez Donatella. However, maybe because those girls were in heavy runway rotation this season, at Versace the icons won out.

Over at Bottega designer Tomas Maier dug even deeper for his thow back homage to supermodels. He had the legend that is Lauren Hutton walk his catwalk to celebrate the brand’s 50th anniversary and his 15 years at the house. Along side the 72 year old beauty other beloved model favorites like Guinevere Van Seenuse, Karen Elson, Edie Campbell and Aymeline Valade showed off the pose and grace that comes with practice. But when Hutton took a bow arm in arm with Gigi Hadid, it made for a touching supermodel passing of the torch moment.

VOLUME AND COLOR CONTROL

From left to right : MSGM Spring-Summer 2017, Stella Jean Spring-Summer 2017, Salvatore Ferragamo Spring-Summer 2017, Arthur Arbesser Spring-Summer 2017

From left to right : MSGM Spring-Summer 2017, Stella Jean Spring-Summer 2017, Salvatore Ferragamo Spring-Summer 2017, Arthur Arbesser Spring-Summer 2017

On the last day of Milan fashion week a number of designers turned to the bright color ways of sportswear and all its high tech fixtures and fittings to create dynamic designs. MSGM, Marni, Arthur Arbesser, Stella Jean, Ferragamo and Missoni all showed on the last full day of Milan Fashion Week. And all of them pushed the petal to the metal in terms of the use of high impact colors. Sometimes head to toe, but often in color blocking. The influence of sportswear was all over the catwalk, from Stella Jean reinterpreting football jerseys to designers using classic athleticwear emblems (arrows at Arbesser) and fixtures and fittings like drawstring (MSGM).

It all made for a strong finish to the week and one that underlined the new diversity and positive creative energy currently coming out of Milan.


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💭 Celebrities' Children for ANTIDOTE

Faites place supermodels, au revoir actrices hollywoodiennes, le monde de la mode a un nouveau rang de célébrités connectées auxquelles il compte bien associer ses griffes de luxe. Elles s’appellent Rafferty Law, Willow et Jaden Smith, Kaia Gerber ou encore Sistine Stallone. Et sortent tout juste de l’adolescence. Panorama.

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Fils et fille de : comment la nouvelle garde de célébrités a eclipsé ses parents


Photo : Campagne Chanel N°5 avec Lily-Rose Depp

Photo : Campagne Chanel N°5 avec Lily-Rose Depp

Faites place supermodels, au revoir actrices hollywoodiennes, le monde de la mode a un nouveau rang de célébrités connectées auxquelles il compte bien associer ses griffes de luxe. Elles s’appellent Rafferty Law, Willow et Jaden Smith, Kaia Gerber ou encore Sistine Stallone. Et sortent tout juste de l’adolescence. Panorama.

La messe est dite. Les couvertures des attendus numéros de septembre ont prêté serment de fidélité à une nouvelle génération de célébrités, progéniture de parents déjà illustres. Kaia Gerber (fille de Cindy Crawford) a décroché le magazine Pop, Willow Smith et Kendall Jenner ont incarné l’édition à thème Snapchat de Garage et Willow a été rejointe par son frère Jaden pour les besoins d’Interview. Et même Madame Figaro y a succombé en capturant Isabel Adjani accompagnée de son fils de 21 ans Gabriel Kane Day-Lewis pour l’une de ses couvertures de septembre.

Le magazine Love avait été précurseur en raflant Lily-Rose Depp pour son vitaminé numéro printemps-été 2016. Mais si l’on souhaite remonter jusqu’aux prémices de cette tendance, c’est vers Burberry et Romeo Beckham qu’il nous faut nous tourner. La campagne de publicité mettant en vedette le deuxième fils de Victoria et David Beckham photographiée pour la griffe de luxe avait créé le scandale lors de sa révélation en 2013, quand Romeo fêtait tout juste ses dix ans. Et son aîné Brooklyn shoote désormais des campagnes pour la marque.

« Les enfants de célébrités sont l’incarnation d’un nom de famille, d’une image et des valeurs héritées. Les marques de mode peuvent ainsi s’adresser à une génération plus jeune à travers le nom », explique Barbara De Premilhat, agent de célébrités et conseillère en image.

Le fils de Will Smith, Jaden apparaissait dans la campagne printemps-été 2016 de Louis Vuitton.

Le fils de Will Smith, Jaden apparaissait dans la campagne printemps-été 2016 de Louis Vuitton.

L’industrie de la mode n’en est pas à son premier essai. Dans les années 1990, des supermodels à l’instar de Linda Evangelista, Cindy Crawford et Christy Turlington se sont vu dérober leurs couvertures par des actrices hollywoodiennes dont la reconnaissance internationale était alors dominante. Leurs couvertures s’accompagnaient d’une interview exclusive et constituaient un package promotionnel idéal pour soutenir la sortie d’un nouveau film. Les célébrités généraient de plus grandes ventes de magazines, accroissaient la notoriété du film de l’acteur, et portaient parfaitement, a fortiori, les vêtements de créateur. Une situation avantageuse et symbiotique, si tant est qu’il y en ait une.

Mais les temps ont changé. Tout est aujourd’hui rendu téléchargeable et les consommateurs dévorent frénétiquement leurs séries et films préférés depuis le fond de leur canapé, si bien que les stars ne brillent plus aussi vivement qu’autrefois. Ce que veulent les consommateurs aujourd’hui, ce sont des stars et des ambassadeurs de marques complets. Ceux-là jouissent de l’héritage d’un nom de famille emblématique, mais aussi une reconnaissance sur les réseaux sociaux qui les rapproche des nouveaux consommateurs connectés du luxe.

« Les enfants sont plus connectés que leurs parents, et ils symbolisent une nouvelle génération digitalisée. À l’ère des réseaux sociaux, le nombre d’yeux rivés sur leur feed Instagram est essentiel. Instagram, Twitter et Facebook sont les nouveaux outils de publicités d’aujourd’hui. Cela signifie pour une marque de mode qu’elle peut cibler un panel de followers. L’impact est immense et aura une répercussion incroyable sur les ventes », raconte Barbara de Premilhat.

31.7k Likes, 51 Comments - Dolce & Gabbana (@dolcegabbana) on Instagram: "Repost @sistinestallone - a HUGE thank you to @stefanogabbana @dolcegabbana for flying me out to..."

Le tandem de créateurs italiens Domenico Dolce et Stefano Gabbana a été la première marque de luxe à adouber cette nouvelle génération de célébrités hybrides. Tout comme ils l’avaient fait en 2009, en propulsant les blogueurs Bryan Boy et Garance Doré et les photographes de street-style au premier rang de leur show D&G, les designers ont chamboulé le seating de leur défilé signature le mois dernier.

Ils ont garni leur premier rang de stars néophytes issues de la génération Y. Ce second jet de célébrités comptait Sistine, la fille de Sylvester Stallone, le fils de Jude Law Rafferty et Dylan Jagger, dont la mère n’est autre que Pamela Anderson. Mais cette fois-ci, la confuse presse internationale, qui n’a pas su mettre un nom sur tous les visages de ces jeunes influenceurs assis, qui plus est, à leurs places habituelles, disposaient d’un trombinoscope de quatre pages avec les noms, les photos et une myriade d’informations (notamment le nombre de followers Instagram de chacun) pour justifier de l’accueil princier réservé à ces stars émergentes.

L’initiative était audacieuse mais témoignait aussi d’un changement de paradigme au niveau commercial. Lors du show, les réseaux sociaux ont été inondés d’images, articles et tweets à propos du défilé et de ses invités inattendus. Dominer ainsi les médias sociaux n’est pas un exercice facile à l’heure où l’espace digital est déjà saturé. L’idée de la maison de s’attirer dès maintenant les faveurs de ces jeunes influenceurs est également futée. Ou comment en faire des adeptes dévoués à la marque pour mieux faire suivre leurs followers.


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💭 Louis Vuitton Perfumes for ANTIDOTE

Pour la première fois de son histoire, la maison Louis Vuitton a décidé d’explorer l’univers des parfums. Ses sept nouvelles fragrances signatures incarnées par Léa Seydoux sont l’œuvre de Jacques Cavallier-Belletrud, maître parfumeur et créateur des iconiques L’Eau d’Issey et Dior Addict. Le nez de la maison dévoile pour Antidote les secrets dont il a hérité de ses pères et raconte le long et passionnant processus de conception d’un parfum.

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Qui se cache derrière les premiers parfums Louis Vuitton ?


Courtesy of Louis Vuitton

Courtesy of Louis Vuitton

Pour la première fois de son histoire, la maison Louis Vuitton a décidé d’explorer l’univers des parfums. Ses sept nouvelles fragrances signatures incarnées par Léa Seydoux sont l’œuvre de Jacques Cavallier-Belletrud, maître parfumeur et créateur des iconiques L’Eau d’Issey et Dior Addict. Le nez de la maison dévoile pour Antidote les secrets dont il a hérité de ses pères et raconte le long et passionnant processus de conception d’un parfum.

Le maître parfumeur Jacques Cavallier-Belletrud a toujours vécu entouré de senteurs. Troisième génération d’une lignée de parfumeurs, sa famille réside dans la ville de Grasse, baptisée capitale mondiale du parfum, depuis le XVe siècle. Il s’est lancé le plus grand défi de sa carrière en acceptant d’imaginer pour Louis Vuitton une nouvelle ligne de fragrances signatures.

En 2012, Jacques Cavallier-Belletrud se voit confier le rôle de parfumeur exclusif, ou « nez », de la maison Louis Vuitton. Il a, sans relâche, dédié les quatre années précédentes à la recherche et au développement de jus inédits pour la griffe de luxe. Les attentes sont considérables pour ces fragrances d’autant qu’il s’agit des premiers parfums de la maison à voir le jour. Mais le maître parfumeur n’en est pas à son premier essai. Il a déjà fait naître plus de 80 parfums, dont les incontournables Classique de Jean Paul Gaultier, Dior Addict et l’Eau d’Issey. Le futur des parfums Louis Vuitton ne pouvait être en de meilleures mains.

Jacques Cavallier-Belletrud s’ouvre ici sur son éternelle histoire d’amour avec les parfums, ses instants olfactifs favoris et son immersion dans le monde merveilleux de Louis Vuitton.

Photo : Patrick Demarchelier courtesy of Louis Vuitton

Photo : Patrick Demarchelier courtesy of Louis Vuitton

Antidote : Vous êtes la troisième génération d’une lignée de parfumeurs, avez-vous toujours voulu faire ce métier ?
Jacques Cavallier-Belletrud : Absolument, d’après mes souvenirs, je veux faire ce métier depuis l’âge de 5 ans. Je trouvais ça extraordinaire de pouvoir gagner sa vie en sentant des petits buvards en papier et en imaginant des parfums. J’ai toujours voulu faire ça. Et d’ailleurs, depuis que je fais ça, je suis en vacances.

Quels sont les petits secrets qui vous ont été transmis par votre père et votre grand-père ?
Ce que j’ai appris avec eux, c’est surtout une approche des matières premières, naturelles notamment. Ils m’ont inculqué cet amour, cette passion pour la nature en général et les merveilleuses matières que l’on peut en tirer pour créer des parfums. Je perpétue cela parce que c’était vraiment une activité importante pour eux et je crois être l’un des seuls, sinon le seul, dans mon métier à continuer de travailler ainsi. Cela relève de sentiments qu’ils m’ont appris à éprouver, mais aussi à laisser libre cours à sa créativité tout en gardant bien à l’esprit l’étendue de leurs enseignements.

Avez-vous une affinité avec une matière première en particulier ?
Bien sûr, les fleurs. J’adore les fleurs blanches, le jasmin évidemment. La rose, parce que c’est une fleur sur deux variétés botaniques différentes : l’une qui est une note extrêmement fruitée, violente, de rose, de cognac, de rhum, note de tête et de coeur, et l’absolu de rose centifolia de Grasse, cœur de la fleur de rose avec ses accents épicés. Je trouve tous les extraits floraux magnifiques parce qu’ils incarnent une féminité sans limites. Il y a autant de belles fleurs que de femmes. On ne peut pas faire ce métier si on est que technicien, il faut de la poésie.

Une femme doit-elle avoir plusieurs parfums ou toujours porter le même ?
Il faut essayer des parfums bien sûr, mais on revient toujours à celui qu’on préfère. On peut être infidèle mais il faut toujours revenir à la maison.

Quand vous rencontrez quelqu’un, est-ce que son parfum vous éclaire sur sa personnalité ?
Oui, c’est possible. Le parfum est une manière de révéler sa personnalité sans en dire trop, et surtout en silence. Selon son choix de jus, on arrive à déterminer la personne si elle est plus ou moins conventionnelle. Le parfum des femmes, c’est comme une robe, une paire de souliers, elles y portent une très grande attention.

Quelles sont les tendances actuelles en matière de parfum ?
Beaucoup de fruit, beaucoup de notes gustatives. Je crois que cela correspond à une époque où on a besoin de plaisir, de positif. Donc les fruits, le caramel, les notes barbe à papa sont des notes plutôt joyeuses. Le problème c’est qu’il y en a peut-être un peu trop maintenant donc il va falloir faire quelque chose. Il y a un besoin de fraîcheur, toujours avec des fruits, mais on est allé à l’overdose du fruit, donc on revient à de la fraîcheur plus agrume, plus « naturelle ».

Vous avez fait plus de 80 parfums depuis que vous faites ce métier, y a-t-il un parfum parmi ceux-là qui vous tient particulièrement à cœur ?
Vous savez, c’est comme les filles, la première on ne l’oublie jamais. Et moi mon premier parfum, c’était l’Eau d’Issey d’Issey Miyake. Il a été un point de départ important pour ma création. Chaque fois que je le sens, je suis toujours ému.

Depuis 2012, vous décidez de changer complètement de cap en entrant dans une grande maison de mode, pourquoi ?
Parce que Louis Vuitton, ça ne se refuse pas. Rentrer dans la plus grande maison de luxe du monde pour y démarrer l’activité parfum en tant que son créateur exclusif… Je n’ai pas beaucoup réfléchi. Même si j’étais très heureux là où j’étais, je me suis dit que c’était merveilleux. C’est aussi une manière de revenir à une notion du métier plus pure. Je vais avoir du temps pour faire des choses, j’ai une liberté exceptionnelle, j’ai le choix de travailler avec les matières premières que je veux. Et puis, il faut toujours être un peu fou. Et surtout le fait d’exercer mon métier à mille pour cent, de vivre ma passion et d’être le porte-parole olfactif de la maison. Depuis que j’y suis, je me lève tous les matins et je trouve ce défi passionnant.

Vous avez intégré Louis Vuitton il y a déjà quatre ans, est-ce un laps de temps obligatoire pour la conception d’un nouveau parfum ?
Quatre ans, c’est normal. Vous savez le parfum, c’est quelque chose qui doit se réfléchir, on doit faire des essais, il faut se poser, le rythme n’est pas toujours à mille à l’heure. Le luxe aujourd’hui, c’est d’avoir le temps de faire les choses.

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Qu’avez-vous trouvé chez Louis Vuitton que vous n’aviez pas encore trouvé ailleurs ?
Je vis au rythme de la Maison et ça c’est très différent. Avant j’étais un fournisseur privilégié, je ne faisais pas partie des maisons avec lesquelles je travaillais. En ça, c’est une expérience unique. Et voir une grande maison de luxe comme Louis Vuitton vivre, voir aussi le respect que cette Maison a pour ses créateurs, c’est vraiment incroyable. Il y a beaucoup de respect et beaucoup de responsabilités aussi. J’aime voir des artisans de maroquinerie travailler, voir cette richesse de création, cette passion aussi qu’a le personnel de la maison, que ce soit au niveau des ateliers, des créateurs ou des gens qui travaillent dans les magasins. Il y a une fierté de travailler pour Louis Vuitton et je ne connaissais pas cela. Ça ne m’a pas dérouté mais au contraire encouragé.

Quel était d’après vous le plus grand challenge pour ce nouveau parfum ?
Louis Vuitton est une marque contemporaine, ce qui m’a beaucoup apporté, c’est de vivre au sein de cette maison et de voir le mouvement perpétuel vers la création, de se poser la bonne question. Parce que le but final, c’est d’apporter à la cliente ou au client la satisfaction de découvrir un produit qu’il n’aura pas la possibilité d’acheter ailleurs. J’ai désormais conscience que dans le luxe, on ne fait pas les choses par hasard, on ne fait pas n’importe quoi non plus, on s’inscrit dans le temps.

Quand vous pensez à la femme qui va porter ce nouveau parfum Louis Vuitton, comment la voyez-vous ?
C’est difficile de créer pour un type de femmes, je préfère parler de féminité. La féminité, c’est une valeur universelle. Il y a des types de femme très différents dans toutes les cultures mais ce qui unit tout ça c’est le sentiment de parler au plus profond de la féminité. C’est d’ailleurs un point que les hommes ne comprendront jamais. La féminité, c’est quelque chose de si unique, si charmant, déroutant, surprenant, qui n’est pas bizarre, qui a toujours les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. C’est ça que j’ai voulu traiter. Et la femme qui porte ce parfum a de multiples visages. C’est ma femme en premier parce que c’est ma femme qui a porté tous les essais. Quand je vois le parfum, je vois ma femme.

Les parfums Louis Vuitton sont disponibles en exclusivité dans les boutiques de la maison et au Printemps Haussmann.


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💭 Alber Elbaz for ANTIDOTE

He just received the Legion of Honour in Paris and is one of the most beloved designers in Fashion. In an exclusive interview, Alber Elbaz, one of fashion’s most beloved designers, opens up about his exit from Lanvin, what he has learned from his almost twelve months away from the fashion grind and what he would like the next chapter in his life to look like.

This article first appeared in the ANTIDOTE Magazine The Freedom Issue hiver 2016-2017..


Alber Elbaz’s exclusive interview : « Time away was a beautiful healer »


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He just received the Legion of Honour in Paris and is one of the most beloved designers in Fashion. In an exclusive interview, Alber Elbaz, one of fashion’s most beloved designers, opens up about his exit from Lanvin, what he has learned from his almost twelve months away from the fashion grind and what he would like the next chapter in his life to look like.

It is hard to think of a modern-day fashion designer who is more universally loved and admired within the industry than Alber Elbaz. It is perhaps for this reason that when the news broke late last year that Elbaz had been unceremoniously ousted from Lanvin – a brand that he spent 14 years nurturing back to life and returning to a place of prestige and respect – the fashion world recoiled in shock.

So too did much of the staff, which went as far as to demand a sit-down with the brand’s owner Shaw-Lan Wang to air their concerns about the decision. There was even talk of taking legal action to try and somehow reinstate Elbaz. And in the wake of the designer’s departure, a large portion of those employees that worked closely with him have now left the house.

Full disclosure. I have been an admirer of Elbaz, the man and the designer, ever since I saw his first collection at Guy Laroche back in 1997. To this day, I still regret not having bought one of those feminine tulle dresses with flowers sprouting up from the hemlines. It was this collection that helped me understand how transformative fashion can be and made me want try my hand at covering the fashion beat.

Over the years we have kept in touch and when it was decided that freedom would be the theme for this issue, I knew that it had to include an interview with Alber. For almost a year now he has been traveling the world, speaking at fashion schools, judging design competitions and in general just taking some well-deserved time off the fashion clock to take stock and reflect on what he wants to do next.

He and his partner, both in life and in work, Alex Koo, carved out an afternoon from their globetrotting travels to have lunch with me at one of their favorite restaurants on a quiet side street in the shadow of the Saint-Sulpice Church in Paris. There on the corner sidewalk table under the July sunshine, Alber had a surprise for me. Not only was he more fit and trim than I had seen him in some time, he was also sporting a new look – a burnt red hair color.

As we people-watched the elegant Parisians stroll past and tried each other’s food, Alber talked about many different topics and has been clearly asking himself a lot of “big picture” questions about his future and the state of fashion in general. Among the things we discussed, he opened up about what it was like to leave Lanvin, how freedom is a state of mind and what he wants to do next.

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ANTIDOTE : So I have to ask, what is up with the hair?
ALBER: I was at Christophe Robin, who is a great friend of mine, and he said to me, “You know John [Galliano] was here and talked about you and he said that you should be a redhead,” and I said… “ok,” and here we are.

ANTIDOTE: What do you think of the results?
ALBER: It’s very bizarre. It’s a bit villain, like the villain you see in every movie. But, here we are.

ANTIDOTE: It’s a big change. I remember when I wrote an article about Maria Grazia Chiuri going to Christian Dior, I talked about how any woman who changes her hair that radically, from pitch black to platinum blonde, is ready for a big change in her life.
ALBER ELBAZ: I think it is a very interesting choice. I think she is so talented. She has done a wonderful job with Pierpaolo [Piccioli] together as a team at Valentino. I am a big fan of the duo, so of course I was a little bit hurt when I heard the news that they were splitting. But maybe it is time for each one to grow on their own. It will be interesting to see how each one evolves now separately and independently. And I also give a huge credit to Dior, to Mr. Arnault and Sydney [Toledano] that they chose a designer with experience, with real experience. I wish her all the best because she is extremely talented, but also a wonderful person.

ANTIDOTE: So I have to ask, it’s been about 8 months now since you left Lanvin. Are you at a point now that you feel a sense of freedom?
ALBER ELBAZ: You know, freedom is a state of mind. It’s almost like solitude, you can be surrounded by hundreds of people and you can feel alone, and sometimes you are alone and you never feel alone. And that is how freedom is. You know, I am someone who really enjoys work. I love to work, this is when I really feel on vacation. When I am in a studio and I take a piece of fabric, when I start to cut into it and I start to take the dream, the abstractness, and make it a reality. That for me is what I am all about, and I miss it. I really really miss that. For me freedom today is the ability to do what I really love.

ANTIDOTE: You talk about feeling free and loving it when you are designing, but now there are some designers who have taken on much bigger roles in their companies. Like Christopher Bailey is now the President of Burberry and Alexander Wang is now the CEO and chairman of his brand. Then you have Justin O’Shea, who has never been a designer, now the creative director of Brioni. What do you think about this trend?
ALBER ELBAZ: It’s not a new thing. Geoffrey Beene was the head of his company, Bill Blass was the head of his company and Oscar de la Renta ran his company. It also opens up this discussion of design and the power of design. Design is really the true fuel of this industry. Without real design and true design and deep thinking, it is no longer luxury. I also think that intuition is a very important ingredient, especially in luxury, and I think that we have to go back and give place to intuition.

Today almost every famous actor or socialite is calling themselves a designer
— Alber Elbaz

ANTIDOTE: But with the designers, with the work they have to do creating so many collections – then there is the social media and the press and creating an advertising campaign for a collection – can they also take on the role of a CEO and still be creative? Don’t you think designers are becoming marketers? 
ALBER ELBAZ: I think that for designers it is not just about coming to the studio and doing fittings. When I was at Lanvin, I was working on the collection, I was working on the show, I was working with the architect on stores, I was working on the store windows, I was working with the PR and hiring people. So, besides the financial side, you really are doing everything. And I think when you are a designer, you cannot say “I am just a designer.” If you want a brand to have a focus and one direction, you have to do more than just design. But now the question is, what is design? This is the biggest question. How you define design? Is designing just about going onto Google to do research and redoing what you see there? Is it just giving a big team a theme and then you just come and correct it? Today almost every famous actor or socialite is calling themselves a designer. So how do you define their job, what they do? I think it is a very open issue.

ANTIDOTE: Well, what about you? You said that you feel you’re freest when you are designing a garment. Do you think that you have had enough time away from the action and are ready to step back in?
ALBER ELBAZ: Maybe. Time away was a beautiful healer. And it allowed me the space to think, even though it is not always easy to have so much time off. But I think that I start to know what I want to do. I mean, on one hand I want to feel and on the other hand I want to think. I love the idea of some sort of a democratic luxury. How do I bring prices down? And how do I work with the mass market, and what does that mean really. I hate the words mass market, because its very messy. But it’s like how do you take high street and high fashion and keep the “high” without being high… if you know what I mean. You know Alex and I did a tour of the world like twice already, and you see that something interesting is happening. Like Uniqlo is packed with people. They are buying, and you see there couples in love, mothers and daughters and girlfriends all buying, you see life… and that is what attracts me. You know, fashion is like food, if it isn’t edible, it’s not food. If you don’t eat it today, it’s rotten tomorrow. So if we do something in our studio, then it has to have meaning, that someone ends up using it. And also what I was always all about was finding ways to combine the need and the dream of fashion, to find a middle ground without turning it into a mediocre product.

ANTIDOTE: Let’s talk about love. Whenever we meet, love always is a part of the conversation. And looking back at what happened at Lanvin, you had this crushing blow and at the same time there was this huge outpouring of love for you, both from the people who worked closely with you at Lanvin and from the fashion community at large. What was that like for you?
ALBER ELBAZ: It was an amazing moment for me to see so much love generate. I think that is what saved me. You know, because I put so much into the company for all those years that I was very very hurt when it happened, on a personal and emotional and a professional level. But I saw all this love, and the respect, from the staff that worked with me and all the support from the industry and from around the world. It was great because they didn’t refer to me as just a designer but also as a person. That was also the reason why I joined Instagram.

ANTIDOTE: I wondered about the timing of when you joined Instagram.
ALBER ELBAZ: At first I didn’t want to and then I was asked by Kevin [Systrom] if I was part of Instagram and I said, “no” and he said, “how come?” and I said, “I don’t have photogenic friends, I have real friends.” I didn’t see the reason to photograph every dish I get at a restaurant and every airport I am arriving at. And then when I saw how much love I was getting from everyone. It was so beautiful. I would get a message from a big editor, and from the owner of a company and then I would get one from the maid, and then from one of my assistants, and from other designers and it was a melting pot of people reaching out to me. You know, I always refer to fashion as a family business rather than an industry. You know what, at the end of the day we have a beautiful industry with a lot of gorgeous people – and by this I mean good people, with a heart. People who say what they think and they think what they say. I am a big lover of this industry. That is why I started to be more involved with some schools and some competitions.

ANTIDOTE: Yes, I noticed that you hosted the “Designer for Tomorrow” competition in Berlin and that you posted a couple of photos on your Instagram of the winner, Edda Gimnes, and her cool outline dresses. 
ALBER ELBAZ: You know, when I look at the over 200 dossiers that they sent me for that, the moment I saw hers I said to myself, “she is the winner,” I just knew it. And then when I saw the show, with all the other contestants, online – because I didn’t want to make my decision on that first emotional moment – I saw a lot of great work. But it just made me even more confident that she was the one.

ANTIDOTE: I found it interesting that you liked her work, where you see the outline or sketching on the clothing, because I remember you telling me that after everything that happened at Lanvin that you couldn’t sketch anymore.
ALBER ELBAZ: You know, I am still doing a lot of thinking. And I am thinking to myself what is it that we are doing today to make our work different and better. What can we change? How can we move forward? How can we produce smart design without just being intellectual? Why has the world of technology taken over the glamour from fashion? What have we done wrong? How can we bring back that glamour to fashion?

ANTIDOTE: Well, looking around you, at designers like Azzedine Alaia or Dries Van Noten or others…is there a shining example, or direction, that you appreciate in particular? 
ALBER ELBAZ: You know, Jessica, I always like individuality. I always like people who stand out from the crowd, who are more authentic. Of course, what I see Azzadine and Dries are doing, I really respect that. But I think that there is so much to do today in fashion that is fascinating me. You know, when I got the Fashion Group award, the one Meryl Streep presented to me, it was all about the system and how it doesn’t work. And I think there is a real problem with the current system. And we have to find a way to make it fun again. I mean, is there a need to do so many huge collections, so many times? What does it mean when women see a show in January and then have to wait to July to get it. Do they feel that they are already buying something old? Is there a solution for that? When you go to a store, do you really need 9 floors of products?

ANTIDOTE: It sounds like you are looking for a streamlined version of fashion.
ALBER ELBAZ: Focus. Focus. Focus! To get back to the essence, to really see who women are. You know, now I have time to go to lunch, I see women more and you know what I see is a lot of confusion. I think women today are confused about what is it that is right and how to put it together, and I know that everything right now is about “how we have to mix it”. But you know what, for me fashion is not about mixing vintage, it’s about creating vintage. It’s not about futurism either. I am not into futurism and I am not into vintage. What design is really all about, something that I always say, is that it is a little bit like being at a crime scene. You actually get in there and you have to erase the evidence. So you can be inspired by the past but at the end of the day when you present your work – it can have the flair of something – but there has to be a newness. I am very much about newness. I am very much about today and the needs of today.

But you know what, for me fashion is not about mixing vintage, it’s about creating vintage.
— Alber Elbaz

ANTIDOTE: And how do you feel about this obsession fashion has with youth?
ALBER ELBAZ: You know, my good friend Julie Gilhart sent me this little article that said that 70% of purchasing power comes from women above 50 years old. And yet only 5% of advertising that is generated focuses on these women. Think about it. I am not saying that “ok now we have to work with a geriatric philosophy.” It’s not about that. For me I really design for all women – I am color-blind, I don’t see the difference. And I don’t have a problem with skinny or overweight, or young and old. I don’t see this stuff. For me they are people, they are women. Catering to the needs of women of different ages and body shapes, this is my job! And I have a problem when I see a show and I learn that a lot of the collection is not for sale – that it is just for the image. That’s not my thing. I think that if you invite someone for dinner you let him eat what you have prepared. You don’t show him a table of food and then tell him, “we are not eating that,” and then take him back to the kitchen to eat.

ANTIDOTE: You and Alex have been together for 23 years as a couple and you worked together at Lanvin. For the past 8 months you have both been free, and together, at the same time. What has that been like?
ALBER ELBAZ: It’s an interesting moment. For a very long time we were working together but we were also partners and now we are back to being a couple.
ALEX KOO: (Smiling) We had to go through some adjustments. You know, both of us are workaholics, and we love what we do. It’s not like we have family and children to divert our attention and time. And like Alber always says, Lanvin was like his baby, it was also our baby. And we put everything in there and we worked with our hearts. So, of course, at work it was a bit challenging because he was the big boss. But at home… no,no,no… you know… and it’s not always easy to leave everything behind when you close the front door. But there is a lot of patience and understanding between us. We really trust each other.
ALBER ELBAZ: Because it is very easy to surround yourself with yes men. At least with Alex I have someone who I know will always tell me the truth.
ALEX KOO: We have a lot of discussions. We read, we talk about things, what is going on with women. I mean, a lot of great ideas came from when we would have a little coffee together and just talk. It’s a continuous dialogue.

ANTIDOTE: So what are you working on now Alber? 
ALBER ELBAZ: What I am looking for now is newness in what I do next. And how I can be more relevant today.

ANTIDOTE: But there definitely is a next chapter. You are not planning on washing your hands of fashion?
ALBER ELBAZ: I love fashion – are you kidding me?!

ANTIDOTE: So when am I going to be able to buy a new “Alber Elbaz” original?
ALBER ELBAZ: Soon. Trust me, I want it more than you do!


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